Ceci arriva du temps d'Amrafel, roi de Sennaar; d'Aryoc, roi d'Ellasar; de Kedorlaomer, roi d'Elam, et de Tidal, roi de Goyim:
Amrafèl
C’est Nimrod, lequel avait dit (amar) à Avram : « Jette-toi (poul) dans la fournaise ardente » (Midrach tan‘houma. Voir aussi ‘Erouvin 53a)
Tid‘al
Roi de peuples. Il existe un lieu qui s’appelle « Goyim », ainsi nommé parce qu’il a réuni de nombreux peuples et endroits, lesquels ont pris pour roi un homme dont le nom était Tid‘al (Beréchith raba 42)
14,2
ils firent la guerre à Béra, roi de Sodome; à Bircha, roi de Gommorrhe; à Chinab, roi d'Adma; à Chémêber, roi de Ceboïm, et au roi de Béla, la même que Çoar.
Béra’
Mauvais (ra’) envers Dieu, et mauvais envers les hommes
Bircha’
Qui progressait en scélératesse (racha’)
Chineav
Ayant en aversion (sonè) son père (av) qui est dans les cieux (Midrach tan‘houma Lèkh lekha 8)
Chèmévèr
Il s’est mis des ailes (sam éver) pour voler, sauter et se révolter contre le Saint béni soit-Il
Bèla’
C’est le nom d’une ville, [et non celui de son roi, non mentionné dans le texte]
14,3
Tous ceux-là se réunirent dans la vallée des Siddim, qui est devenue la mer du Sel.
La vallée des Siddim
Ainsi nommée, parce qu’il s’y trouvait beaucoup de champs (sadè)
Qui est la Mer du Sel
La mer, par la suite, a envahi cette vallée pour devenir la Mer Morte. Le midrach explique que les rochers qui l’entouraient se sont fendus, laissant ainsi passer l’eau des rivières (Beréchith raba 42, 5)
14,4
Douze années, ils avaient été asservis à Kedorlaomer, et la treizième année ils s'étaient révoltés.
Douze années ils avaient été asservis
Ces cinq rois avaient été asservis pendant douze ans à Kedorla‘omèr, lequel s’est avancé (verset suivant) au cours de la quatorzième année de leur rébellion. [Il faut donc lire qu’ils se sont révoltés pendant treize ans, et non dans la treizième année.
« Kedorla‘omèr s’avança »
Il était le principal intéressé. Aussi est-il « entré dans l’épaisseur de la poutre », [expression signifiant que c’est à lui qu’incombait la responsabilité principale dans la guerre contre les rebelles
14,5
La quatorzième année, Kedorlaomer s'avança avec les rois ses alliés, et ils défirent les Refaïm à Achteroth-Karnayim, les Zouzim à Ham, les Emim à Chavé-Kiryathayim;
Et la quatorzième année
De leur révolte (Chabath 10b)
Et les rois
Ce sont les trois autres rois
Et les Zouzim
Ce sont les Zamzoummim (Devarim 2, 20)
14,6
et les Horéens dans leur montagne de Séir, jusqu'à la plaine de Pharan qui borde le désert.
Dans leur montagne (behararam)
C’est le mot « montagne » (har) suivi du possessif « leur »
Eil Paran
Le Targoum traduit par « plaine de Paran ». Quant à moi, je dis que le mot eil ne signifie pas « plaine » en général, mais que c’est la plaine de Paran qui s’appelle eil, comme celle de Mamré s’appelle éloné (supra 13, 18), celle du Yardén kikar (supra 13, 10), celle de Chittim avél, dans : avél hachittim (Bamidbar 33, 49). De même, la plaine de Gad s’appelle ba’al (Yehochou‘a 11, 17). Le Targoum traduit tous ces termes par méchar (« plaine »), mais chacun de ces lieux porte un nom spécifique
Qui est près (‘al – littéralement : « sur ») du désert
Auprès du désert. Comme dans : « près de lui (we‘alaw), (campait) la tribu de Menachè » (Bamidbar 2, 20)
14,7
Ils revinrent marchèrent sur Enmichpat, la même que Cadès, et dévastèrent tout le territoire de l’Amalécite et aussi de l’Amoréen établi à Haçaçon-Tamar.
‘Ein-Michpat qui est Qadéch
Ainsi nommée parce que Mochè et Aharon y seront jugés (lehichafét) un jour à cause de la source (‘ein). Il s’agit des eaux de Meriva, des eaux de la querelle (Bamidbar 20, 13). Le Targoum Onqelos suit le sens littéral : il s’agit du lieu où les gens du pays se réunissaient pour chaque jugement
Le territoire du ‘Amaléqi
‘Amaleq n’était pas encore né. Le texte anticipe sur l’avenir (Beréchith raba 42, 7)
A ‘Hatsatson-Tamar
C’est ‘Ein-Guèdi, comme indiqué explicitement à propos de Yehochafat (II Divrei haYamim 20, 2)
14,8
Alors s’avancèrent le roi de Sodome, le roi de Gommorrhe, celui d’Adma, celui de Ceboim et celui de Béla ou Coar, ils se rangèrent contre eux en bataille dans la vallée des Siddim:
14,9
contre Kedorlaomer, roi d'Elam; Tidal, roi de Goyim; Amrafel, roi de Sennaar, et Aryoc, roi d'Ellasar: quatre rois contre cinq.
Quatre rois...
[Cette précision, apparemment superflue, est là pour nous apprendre que] ce sont pourtant les moins nombreux qui l’ont emporté. Cela pour que tu saches quelle était leur puissance. Et cependant, Avram n’a pas hésité à se lancer à leur poursuite
14,10
La vallée des Siddim était remplie de puits de bitume: le roi de Sodome et celui de Gomorrhe s'enfuirent et y tombèrent; les autres se réfugièrent vers les montagnes.
Remplie de puits de bitume
On y trouvait de nombreux puits, d’où l’on tirait une terre argileuse utilisée pour la construction. Le midrach explique qu’ils s’y étaient enlisés, et que le roi de Sedom a pu en sortir grâce à un miracle (Beréchith raba 42, 7). Car certains peuples ne croyaient pas au sauvetage d’Avram de la fournaise ardente d’Our-Kasdim. Lorsque le roi s’est sorti sain et sauf des puits de bitume, leur scepticisme envers Avram s’est évanoui
S’enfuirent vers la montagne (héra)
Héra équivaut à lehar. Lorsqu’un mot exige le préfixe lamèd, [préposition signifiant : « en direction de »], ce préfixe peut être remplacé par le suffixe hé (Yevamoth 13b). Il ne faut pas confondre héra et hahara. Dans ce dernier mot, le hé final remplace le préfixe lamèd. Le mot héra, en revanche, signifie : « vers un point quelconque de la montagne », sans préciser laquelle, comme pour signifier que chacun s’est enfui comme il a pu vers la première montagne qu’il a rencontrée. Lorsqu’il y a un hé au début, comme dans hahara, cela signifie « vers la montagne », tout comme hamidbara signifie « vers le désert », tels qu’ils sont déjà connus et désignés dans le texte
14,11
Les vainqueurs s'emparèrent de toutes les richesses de Sodome et de Gommorrhe et de tous leurs vivres, puis se retirèrent.
14,12
Ils prirent aussi, avec ses biens, Loth, neveu d'Abram, qui était alors à Sodome, et se retirèrent.
Il résidait à Sedom
Pourquoi cela lui est-il arrivé ? Parce qu’il résidait à Sedom (Beréchith raba 42, 7)
14,13
Les fuyards vinrent en apporter la nouvelle à Abram l'Hébreu. Celui-ci demeurait dans les plaines de Mamré l'Amorréen, frère d'Echkol et d'Aner, lesquels étaient les alliés d'Abram.
Le fuyard vint
Selon le sens littéral, c’est ‘Og, rescapé du combat, celui dont il est question dans : « de fait, ‘Og seul, roi du Bachan, était resté des derniers Refaïm » (Devarim 3, 11). Amrafèl et ses alliés l’avaient épargné lorsqu’ils ont défait les Refaïm à ‘Achteroth-Qarnayim (Midrach tan‘houma ‘Houqath 25). Quant à Beréchith raba (42, 8. Voir aussi Nidda 61a), il explique que c’était ‘Og, en tant que survivant de la génération du déluge. C’est pourquoi il est écrit : « des derniers Refaïm », de la même manière qu’il est indiqué : « les Nefilim [synonyme de « Refaïm » selon Beréchith raba 26] étaient sur la terre » (supra 6, 4). Il espérait, [en lui annonçant la capture de Lot et en l’incitant ainsi à entrer en guerre à son tour], qu’Avram serait tué à la guerre et qu’il pourrait alors épouser Sara (Beréchith raba 42, 8)
L’Hébreu
Qui vient de l’autre côté (‘évèr) du fleuve (Beréchith raba 42, 8)
Les alliés d’Avram
Qui avaient conclu avec lui une alliance
14,14
Abram, ayant appris que son parent était prisonnier, arma ses fidèles, enfants de sa maison, trois cent dix huit, et suivit la trace des ennemis jusqu'à Dan.
Il arma (wayarèq)
C’est ainsi que traduit le Targoum. Comme dans : « Je m’armerai (wahariqothi) contre vous d’une épée » (Wayiqra 26, 33. Voir le Targoum). « Je m’armerai (ariq) d’une épée » (Chemoth 15, 9). « Arme-toi (haréq) d’une lance et d’un javelot » (Tehilim 35, 3)
Ses fidèles (‘hanikhaw – littéralement : « ceux qu’il avait formés »)
Le mot est écrit ‘hanikho, [sans yod, comme s’il était au singulier] : « celui qu’il avait formé », à savoir Eli’èzer, qu’il avait formé à l’accomplissement des mitswoth. Le mot, soit qu’on l’applique à quelqu’un, soit qu’on l’applique à un objet, contient l’idée d’utilisation pour la première fois à la fonction qui leur est propre. Comme dans : « éduque (‘hanokh) l’enfant » (Michlei 22, 6), « l’inauguration (‘hanoukath) de l’autel » (Bamidbar 7, 84), « l’inauguration (‘hanoukath) de la maison » (Tehilim 30, 1). En français : « initier »
Trois cent dix-huit
Nos rabbins ont enseigné : Eli‘èzèr était seul, mais la guematria (valeur numérique des lettres) de son nom est trois cent dix-huit (Beréchith raba 42, 2, Nedarim 32a)
Jusqu’à Dan
A cet endroit, la vigueur d’Avram a décliné, parce qu’il a vu que ses descendants (I Melakhim 12, 29) y élèveraient un jour un veau d’or (Sanhèdrin 96a)
14,15
Il se glissa sur eux la nuit avec ses serviteurs, les battit et les poursuivit jusqu'à Hoba, qui est à gauche de Damas.
Il se partagea contre eux (littéralement : « Il se partagea sur eux la nuit
Il faut, pour reconstituer le sens littéral, rétablir l’ordre des mots ainsi qu’il suit : « il se partagea lui et ses serviteurs contre eux dans la nuit », comme on le fait dans un combat, où les poursuivants se dispersent pour rattraper les fuyards
Dans la nuit
Ce qui veut dire qu’ils n’ont pas interrompu leur poursuite après la tombée de la nuit. Quant au midrach (Beréchith raba 43, 3), il indique que c’est la nuit qui s’est partagée. Il s’est produit un miracle pendant la première moitié, et la seconde moitié a été mise en réserve pour devenir la « mi-nuit » de la sortie d’Egypte (Chemoth 12, 29)
Jusqu’à ‘Hova
Il n’existe pas d’endroit du nom de ‘Hova, mais c’est Dan que l’on appelle ‘Hova (« ville coupable »), à cause de l’idole qui s’y dressera un jour (Targoum yonathan)
14,16
Il reprit tout le butin, ramena aussi Loth son parent, avec ses biens, et les femmes et la multitude.
14,17
Le roi de Sodome sortit à sa rencontre, comme il revenait de défaire Kedorlaomer et les rois ses auxiliaires, vers la vallée de Chavé, qui est la vallée Royale.
La vallée de Chawé
Tel est son nom, [qui signifie « vallée unie »]. Le Targoum traduit par : « la plaine libre », c’est-à-dire libre de tous arbres et de tout obstacle
La vallée du roi
Le Targoum Onqelos traduit par : « la piste de course du roi ». On y trouvait une piste de trente qona de longueur, réservée aux divertissements du roi. Autre midrach : la vallée où toutes les nations s’étaient « unies » et avaient pris pour roi Avram, en tant que prince de Dieu et en tant que chef (Beréchith raba 43, 5)
14,18
Melchisédec, roi de Salem, apporta du pain et du vin: il était prêtre du Dieu suprême.
Et Malki-Tsèdeq
Le midrach explique : c’était Chem, le fils de Noa‘h (Nedarim 32b)
Du pain et du vin
Comme on en offre à ceux qui reviennent épuisés de la guerre. Il voulait lui montrer par là qu’il ne lui gardait pas rancune d’avoir tué ses enfants, [les rois énumérés au verset 1 étant ses descendants (voir notamment pour ‘Eilam : supra 10, 22)]. Quant au midrach (Beréchith raba 43, 6), il trouve ici une allusion aux oblations et libations que les fils d’Avraham y offriront un jour, [Chalém étant la future Jérusalem]
14,19
Il le bénit, en disant: "Béni soit Abram de par le Dieu suprême, auteur des cieux et de la terre!
Possesseur (qoné) des cieux et de la terre
Comme dans : « Qui a fait (‘ossè) le ciel et la terre » (Tehilim 134, 3). Du moment qu’Il les a faits, Il se les est acquis pour qu’ils lui appartiennent
14,20
Et béni le Dieu suprême d'avoir livré tes ennemis en ta main!" Et Abram lui donna la dîme de tout le butin.
Qui a livré
Le mot miguén a ici le sens de « livrer », comme dans : « Comment pourrais-je te livrer (amagguènkha), Israël ? » (Hoché‘a 11, 8)
Il lui donna
Avram
La dîme de tout
De tout ce qui lui appartenait, puisqu’il était kohen
14,21
Le roi de Sodome dit à Abram: "Donne-moi les personnes, et les biens garde-les pour toi.
Donne-moi les âmes
De tout le butin fait par l’ennemi et que tu as sauvé, rends-moi seulement les personnes
14,22
Abram répondit au roi de Sodome: "Je lève la main devant l'Éternel, qui est le Dieu suprême, auteur des cieux et de la terre;
Je lève la main
C’est une formule de serment (Beréchith raba 43, 9) : « Je lève la main et prête serment devant le Qél Suprême ». De même : « je jure par moi-même » (infra 22, 16), « j’ai donné l’argent du champ, prends-le » (infra 23, 13), [où le passé est employé au lieu du présent, comme si l’action avait déjà eu lieu]
14,23
et je jure que fût-ce un fil, fût-ce la courroie d'une sandale, je ne prendrai rien de ce qui est à toi; que tu ne dises pas: "C'est moi qui ai enrichi Abram!
Depuis un fil jusqu’à la courroie d’une sandale
Je ne retiendrai rien du butin à mon profit
Je ne prendrai rien de ce qui est à toi
Et si tu devais me proposer de me payer sur tes propres trésors, je n’accepterais rien non plus
Que tu ne dises pas
Car le Saint béni soit-Il m’a promis de m’enrichir, ainsi qu’il est écrit : « Je te bénirai » (supra 12, 2, voir Rachi ibid.)
14,24
Loin de moi! Si ce n'est ce qu'ont déjà mangé ces jeunes gens, et la part des hommes qui m'ont accompagné; Aner, Echkol et Mamré, que ceux-là prennent leurs parts."
Les jeunes gens
Mes serviteurs, qui m’ont accompagné, et aussi : « ‘Anér, Echkol et Mamré ». Il est vrai que seuls mes serviteurs ont participé aux combats, ainsi qu’il est écrit : « lui et ses serviteurs... il les frappa » (verset 15). Cependant, ‘Anér et ses compagnons sont restés aux bagages pour garder le camp. Ils prendront donc aussi leur part. Le roi Dawid a pris exemple sur Avram (Beréchith raba 43, 9) lorsqu’il dit : « Telle la part de celui qui est allé au combat, telle la part de celui qui est resté aux bagages : ils partageront également ! » (I Chemouel 30, 24). C’est pourquoi, il est écrit : « De fait, à partir de ce jour (littéralement : « de ce jour et plus haut »), il en fit pour Israël une loi et une règle » (I Chemouel 30, 25). Il est écrit wama’la (« et plus haut »), et non wehala (« par la suite »), pour bien marquer que la règle remontait à l’époque d’Avram
C’est Nimrod, lequel avait dit (amar) à Avram : « Jette-toi (poul) dans la fournaise ardente » (Midrach tan‘houma. Voir aussi ‘Erouvin 53a)