Question d'une internaute : "J’aimerais être conseillée sur ce que je vis, un problème qui revient sans cesse : c’est l’ingérence de ma belle-mère qui fait de son fils (mon mari donc) ce qu’elle veut...
Je suis mariée depuis 20 ans, et la mère de mon mari ne fait que le solliciter pour tout, peu importe s’il revient épuisé du travail ou s’il vient de rentrer d’un voyage d’affaires. Cela crée des tensions avec les enfants, et avec moi bien sûr, puisqu’il ne peut rien dire à sa mère, alors les enfants et moi nous sentons délaissés. En vérité, elle décide avec son fils quand elle a besoin et à quelle heure elle a besoin de lui, elle n’a qu’à demander, et il est dispo ! Mais pour moi, en revanche, quand j’ai besoin de son aide, il a tout un tas d’excuses, dont la principale est “Je ne peux pas, car je travaille”. Je souhaitais appeler ma belle-mère et lui dire que ce n’était pas gentil et que la situation devient ingérable, mais mon mari a refusé que je parle avec sa mère. Que faire ?"
Réponse de Mme Nathalie Seyman
Les relations difficiles avec la belle-famille, et en particulier avec la belle-mère, sont un problème très souvent vécu par nombre de couples. Et lorsque l’homme a tendance à passer sa mère avant sa femme, rien ne va plus. Mais alors, que faire quand on se retrouve dans votre cas ? Comment expliquer un tel déni de la part de son mari ? Doit-on en arriver à choisir entre respect des parents (et donc des beaux-parents) et Chalom Bayit ? Penchons-nous sur un sujet aussi sensible que nécessaire.
Lien Mère-Fils
La relation mère-fils est unique et privilégiée.
- Du côté de la mère : lorsqu'une femme met au monde une petite fille, elle sait un peu à quoi s'attendre. En revanche, avec un garçon, la mère plonge dans l'inconnu. Elle ne peut pas se référer à sa propre expérience en reproduisant ce qu’elle a vécu avec sa propre mère, contrairement à une fille. Du coup, pour compenser en quelque sorte sa peur de ne pas savoir s'y prendre, la mère a tendance à couver son fils. Ensuite, le petit garçon va combler les désirs inconscients de sa mère : élever un enfant de sexe opposé qui la complète totalement et vient de sa propre chair. À cela, s’ajoute une dimension “séduction” au sens très humain et maternel du terme, qui va encore renforcer la relation. Elle représente le monde de son petit garçon, et il est parfois très difficile de renoncer petit à petit à cette place.
- Du côté du fils : elle est la première femme dans sa vie, son premier objet d’amour, et reste l’image même d’une sécurité affective sans égale. Sauf cas exceptionnel, un garçon n’a pas peur que sa mère ne l’aime plus. La relation maternelle est donc un amour inconditionnel et qui a une valeur d’acquis qu’il ne peut retrouver, et heureusement, chez une femme. C’est elle qui le nourrit, le baigne, le cajole, le gronde. La première angoisse de l’enfant vient de sa mère avec l’angoisse de séparation. Le fils vit donc avec le poids d’une dette imaginaire : sa mère lui a donné la vie, s’est dévouée à lui, il croit devoir l’en remercier en se conformant à toutes ses attentes. S’opposer à elle signifie la décevoir, ce qui peut constituer un coup dur pour son estime de lui-même.
En général, en grandissant, l’homme se détache peu à peu de ses parents afin de vivre sa vie d’adulte, et la mère finit par le laisser prendre son envol pour son bien et celui de son couple. Mais parfois, hélas, tout ne se passe pas comme prévu…
Profil probable de votre belle-mère
Évidemment, n’ayant pas tous les tenants et les aboutissants, je vais m’en tenir à vos informations afin d’essayer de comprendre pourquoi votre belle-mère se comporte ainsi. Il semble qu’elle ait un profil de mère surprotectrice. Son but : prolonger le plus possible l’exclusivité du lien avec son seul fils. Pour cela, elle n’hésite pas à recourir à la manipulation et au chantage affectif. Il est très difficile pour votre mari de couper le cordon avec sa mère à qui il doit tant et qu’il ne peut, comme nous l’avons vu plus haut, décevoir. Aussi, est-il plus facile pour lui psychologiquement de s’opposer à vous, de se décharger émotionnellement sur votre famille, que de risquer de tomber de son piédestal de fils méritant.
Comment réagir ?
Alors, tout d’abord, toujours rester respectueuse envers votre belle-mère. Même si cela vous demande des efforts, vous devez garder à l’esprit 3 points : premièrement, qu’elle reste la mère de l’homme de votre vie et que se quereller avec sa mère ne fera que le rendre plus malheureux et cela n’avancera à rien. Deuxièmement, que vous-même serez, si D.ieu veut, belle-mère un jour, et que vous devez vous comporter tel que vous aimeriez que l’on se comporte avec vous. Troisièmement, car vous devez garder la porte ouverte pour vous en faire une alliée; vivre en harmonie avec sa belle-mère est un accès direct à la sérénité du couple.
Garder le respect ne veut pas dire se laisser faire. Il faut que vous établissiez des règles en présence de votre mari et de ses parents. Essayez de trouver des compromis ensemble : vous êtes d’accord qu’il s’occupe de ses parents, mais pas seulement lui, ils doivent partager avec leurs autres enfants, et lorsque vous avez quelque chose de prévu, ils ne doivent pas insister.
Si, après discussion et efforts, vous voyez que rien ne change, alors votre couple passe en priorité. Vous devez vous éloigner physiquement, géographiquement, et émotionnellement de votre belle-famille. S’ils ne veulent pas en arriver à de telles mesures, ils feront des efforts.
Conseils à votre mari
Monsieur, tout d’abord bravo pour le respect que vous avez envers vos parents, c’est magnifique, et ils ont eu un grand mérite d’avoir un fils tel que vous qui ne compte pas les efforts et ne regarde pas sa fatigue pour venir en aide à ses parents. Pourtant, votre femme décrit une situation qui ne la rend pas heureuse et que vous avez le pouvoir d’améliorer. Sachez une chose très importante : dans la Torah, il est dit : "La maison d'un homme, c'est sa femme" (Yoma 1a) ("Béto Zé Ichto"). Il est vraiment capital que votre couple passe avant tout. Cela inclut les parents. Lorsqu’il y a des problèmes au sein du couple les incluant, c’est qu’il est temps de couper le cordon et donner la priorité à sa femme. La fidélité au conjoint va aussi dans ce sens. Vous devez faire comprendre à votre mère que votre femme et vos enfants ont besoin de vous. Vous êtes un fils, mais vous êtes surtout un mari et un père. Vous devez faire passer les besoins de votre mère avant les vôtres, c’est du Kiboud Av Vaèm, mais les faire passer, en revanche, après ceux de votre femme, et ça, c’est du Chalom Bayit. Vous pouvez pour cela, faire des compromis en trouvant par exemple, un intermédiaire qui pourra les aider aussi bien que vous lorsque vous êtes dans l’impossibilité de le faire. Apprenez aussi à parler de ce qui vous dérange à votre mère, de façon toujours respectueuse évidemment, afin d’éviter de vous décharger lorsque vous êtes avec votre femme. Votre mère a besoin de votre respect, mais votre femme a besoin de votre amour.
Béatsla'ha !